Dans une déclaration qui marque un tournant potentiel dans les relations post-coloniales en Afrique de l'Ouest, le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire au Niger, a mis en avant la création d'une monnaie commune entre le Niger, le Burkina Faso, et le Mali. Cette initiative, selon lui, représente une étape cruciale vers la récupération de la souveraineté totale des états membres de l'Alliance des États du Sahel (AES), se démarquant ainsi de l'influence historique de la France et du franc CFA.
Cette annonce survient dans un contexte où ces trois nations, toutes anciennes colonies françaises et actuellement gouvernées par des régimes militaires, expriment un désir croissant d'indépendance économique et politique. En envisageant la mise en place d'une monnaie régionale propre, elles défient non seulement l'héritage du franc CFA mais également la structure monétaire actuelle qui les lie à l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Le général Tiani a souligné que la monnaie est un "signe de souveraineté", critiquant ouvertement la relation économique actuelle qui, selon lui, réduit leurs états à être "la vache à lait de la France". Cette déclaration forte intervient après le retrait de ces pays de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), signalant une volonté ferme de se distancer des influences extérieures jugées contraignantes.
Les implications de la création d'une monnaie commune dans la région du Sahel sont vastes. Non seulement cela pourrait redéfinir les rapports économiques entre les anciennes colonies et la France, mais cela pourrait également encourager une plus grande intégration et coopération régionale entre les pays de l'AES. La recommandation de créer un fonds de stabilisation et une banque d'investissement par les ministres de l'Économie et des Finances de l'AES en novembre dernier témoigne de la recherche d'une autonomie financière renforcée.
Cependant, cette ambition soulève des questions sur la viabilité économique, les défis de mise en œuvre et les répercussions potentielles sur les relations internationales, notamment avec la France et au sein de l'UEMOA. Le passage à une monnaie commune sahélienne représenterait une rupture significative avec le passé colonial et un pas vers une indépendance économique plus affirmée, mais exige une planification minutieuse et une coordination régionale efficace.
Le projet de monnaie commune de l'AES incarne ainsi un désir profond de renouvellement et d'affirmation sur la scène internationale, témoignant de l'évolution des dynamiques de pouvoir en Afrique de l'Ouest. Il marque peut-être le début d'une nouvelle ère de souveraineté monétaire pour le Sahel, redéfinissant son avenir économique et politique dans un monde en constante mutation.
Source : Infos-Niger
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