Dans un contexte déjà tendu, marqué par des coups d'État successifs dans la région du Sahel, les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont franchi un pas supplémentaire en signant, samedi dernier à Bamako, une charte de défense commune appelée "Charte du Liptako-Gourma". Cette alliance, dorénavant connue sous le nom d'Alliance des États du Sahel (AES), pourrait être un tournant dans la configuration géopolitique de la région.
Un Devoir d'Assistance Cette nouvelle structure de coopération, qui aspire à être une architecture de défense collective et d'assistance mutuelle, impose aux pays signataires un "devoir d'assistance et de secours" en cas d'atteinte à la souveraineté de l'un des membres. Cela inclut "l'emploi de la force armée pour rétablir et assurer la sécurité" dans la zone concernée, comme le précise l'article 6 de la charte.
Cette évolution pourrait compliquer les efforts de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui demande le retour à l'ordre constitutionnel au Niger et envisage des sanctions, voire une intervention armée.
La France en Retrait, l'Europe Solidaire Tandis que les relations diplomatiques entre la France et ces trois nations du Sahel semblent s'effriter, avec une suspension temporaire de plusieurs formes de coopérations bilatérales, les gouvernements européens prennent le parti de la France. Cette solidarité européenne, exprimée notamment par le chef de la diplomatie de l'UE, pourrait être un facteur de plus dans le rééquilibrage des relations internationales au Sahel.
L'Impact Culturel et Éducatif Il est important de noter que ces tensions diplomatiques ont des conséquences directes sur la vie des citoyens. Les visas pour les étudiants du Mali, du Niger et du Burkina Faso qui devaient poursuivre leurs études en France sont suspendus. Les récentes déclarations du président Macron laissent cependant espérer une révision de ces mesures, en particulier pour les artistes et les intellectuels.
Vers une Autonomie Régionale ? L'Alliance des États du Sahel pourrait être perçue comme une réponse locale à un problème local : celui du terrorisme qui ravage la région du Liptako-Gourma. Mais elle pourrait aussi être le symptôme d'un désir plus large d'autonomie face aux pressions extérieures, qu'elles viennent de la CEDEAO ou des anciennes puissances coloniales.
D'un côté, une alliance régionale qui promet solidarité et assistance mutuelle, mais qui pourrait l'isoler sur la scène internationale. De l'autre, des tensions diplomatiques avec la France et, par extension, avec l'Union européenne. Le choix entre ces chemins opposés pourrait bien définir l'avenir du pays et de toute la région pour les années à venir.
Source : Infos-Niger
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